Le présent, un cadeau du temps

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J’écris pour trouver la paix, pour me remémorer qui je suis. Voila donc, j’écris de nouveau, dix années après  “Fait de lune et de soleil”, le récit de ma période indienne.
Dix ans…peut-être ai-je fermé une porte et ouverte une autre? ou suis-je dans le couloir en attente, le couloir du temps…

Cette année, je cours sur mes 45. La péri-ménopause m’a-t-on dit…une période bien spéciale pour une femme, marquée par une belle descente d’hormones qui en dit long dans un corps mis lentement mais sûrement sur le banc de touche, dans un corps qui a accueilli la vie, donnait de son lait…dont les formes et rondeurs, dont la jeunesse sont encore peut-être encore un peu là mais s’étiole peu à peu…

 

 

C’est une période majeure dans la vie d’une femme,

une période spirituelle, où elle doit apprendre à lâcher prise.

Après avoir été un moment au centre de la piste, les lumières de la fête sur elle, elle rejoint peu a peu l’ombre, jusqu’à son dernier souffle. La ménopause, c’est une petite mort, le début d’une fin, un adieu au formidable cri de vie, ce pouvoir magique de procréer. Lâcher prise pour aller embrasser la mort, pas fabuleux comme programme. Mais le choix de la nature. On a beau être à la pointe de la technologie, on doit admettre: rien ne peut arrêter les marques du temps. On colmate, on cache ses traces… mais rien ne stoppera la course du temps.
Comme un papillon fraichement sorti du cocon au lever du jour qui batifole, s’ébat, parade, toutes ailes déployées aux couleurs flamboyantes et uniques, il vient s’éteindre le soir sans bruit, pour doucement faire parti de l’oubli des vivants.


Notre passage sur terre n’est qu’un claquement de doigts, un battement d’aile, un son furtif dans ce grand mystère qu’est le monde.

“Qui suis-je? D’où je viens et où donc vais-je ? »

Telle sont les questions qui m’ont poussées un jour en Orient, au pays du Deccan. L’Inde. Cette mère m’a alors accueilli dans ses bras, tenu au chaud dans son sein, et ouvert mes yeux d’aveugles sur la lumière qui pénètre tout, la lumière de l’âme. Elle m’a fait vibrer aux fréquences de l’éternité, qui n’a ni commencement ni fin, elle m’a porté jusqu’à l’infini dans l’indicible. Elle m’a donné pour un court moment les réponses à mes brûlantes questions qui me torturaient, mais j’aurai pu aussi les trouver ailleurs. Cependant, les montagnes de l’Himalaya ont été mon guide et mon inspiration, mon chemin.

La vie et la mort sont deux faces de la même pièce mais notre âme les transcende toutes les deux.

Pas l’ego….il nous retient au charnel, il nous trompe en nous susurrant que nous ne sommes que cela, il nous embrouille les sens et crée le chaos dans notre tête, dans notre coeur, notre corps, pourtant tous si bien faits. Je m’attache au passé, nostalgie- je m’inquiète du futur, angoisse- je m’attache aux autres- peur de perdre, je ne vois qu’une fausse image de moi-même. L’ego nous éloigne de notre nature, de LA Nature, de nos frères et soeurs. Il dit: Le “je” n’est pas le “nous” ni “vous” ni “tu” ni “il(s)/elle(s)”. Mais le “je” n’est qu’un ”jeu” auquel, consenti ou non, nous nous adonnons. Nous sommes sans doute fait de la même trempe, d’un même vide ou d’un même plein, de la même matière avec cette petite pointe personnelle qui nous rend unique. Un détail… mais qui nous emporte et nous coule dans l’océan de l’ignorance. J’ose penser que plus nous nous rapprochons des corps subtils, plus nos différences s’égrainent comme les flocons de pissenlit sous le vent. Nous nous rejoignons dans le grand bain de la source, là où toutes les âmes existent.


La réalisation du Soi passe par l’abandon de l’ego, et sans attendre la faucheuse, nous pouvons vivre et connaitre la splendeur d’être libre du temps. Qu’il est dur de mourir à ce qu’on croit être. Renier sa spécificité pour embrasser l’uniformité. De nos jours, malgré tout, ce n’est pas une idée qui motive les troupes. On se bat pour exister, se démarquer, passer devant les autres, rayonner. Si seulement on savait que

notre salut était dans l’abandon de cet ego.

(Et ben, on aurait moins de cheveux blancs!!)
Voila que les premiers signes de vieillesses pointent, les premières alertes d’un intellect vacillant, d’une mémoire chancelante, de jointures qui craquent…Le corps physique et psychique ressortent du domaine de l’ego, ils définissent qui nous sommes. « Ego cogito ergo sum » Je pense donc je suis (Remarquer que le « je » en latin se dit « ego »). Nous ne sommes que cela. Vraiment?? Et quelle est cette petite voix au-dedans, qui semble traverser l’espace et le temps?
Les vieux assis sur les bancs dont on se moquait (ou non), les voilà qui ricanent maintenant, ils nous ont laissé la place et bientôt, à nous donc de regarder défiler la vie ou de temps à autre acceuillir un être curieux et avide de recueillir ce que nous pourrons partager.


Tout a une fin, si on considère qu’il existe un début. La clef est peut-être de vivre sans ces deux principes, de vivre simplement au présent, dans l’instant, le moment. Le langage des oiseaux est bien significatif, “présent” en français signifie aussi “cadeau”. Le plus beau cadeau de la vie, c’est de vivre au présent, pour transcender le début et la fin, la vie et la mort, pour rejoindre notre Moi véritable, plein de lumière et de joie. Dompter la pensée, la ramener au souffle. Car le souffle mène à la source, le souffle nous ramène au présent, à l’existence en tant que telle. Sans ce souffle, ce prana, cette énergie de vie, nous ne serions que poussière. Et quand il partira de nos corps, nous reviendrons rejoindre les entrailles de l’univers. Le grand mystère, la source, est cachée dans le souffle, dans ce moment très subtil suspendu entre l’inspiration et l’expiration, ou l’expiration et l’inspiration , entre la vie et la mort.

RESPIRE POUR TE SOUVENIR QUI TU ES

 

                                                                                                                   

                                                                                                         Extrait de « Les sons de l’âme » de Nila